– Marc de Roover –

En 1968, je décide d’arrêter mes études, je décide de retourner à la nature, je décide d’arrêter de faire de l’art et de me consacrer à la nature. (…) En pensant m’éloigner de l’art, j’ignorais que je continuais d’en faire et d’une manière très actuelle, dans la mouvance du « Land Art ». Tandis que Richard Long, Andy Goldsworthy et d’autres font grand bruit avec leurs installations en plein nature, moi je garde un troupeau de chèvres, je construis des murs en pierre sèche. C’est alors que je mets en pratique les gestes rythmiques et répétitifs de l’agriculture artisanale en composant des motifs réguliers à partir de lignes parallèles ou d’empilements. Pour ce faire, j’utilise la paille, le foin, le fumier ou le bois, tous des matériaux qui participent de l’environement. Ce fut mon école. Mais j’ignorais que je faisais de l’art. Maintenant, avec le recul, je sais que j’étais en phase avec mon époque et que mon travail était dans l’air du temps. Mais ni moi, ni personne ne le savait. J’avais perdu le gôut de tous contacts avec le monde Artistique.

Quand je retourne en 1980 vers le monde de l’Art, je constate que j’ai gagné en interiorité et en originalité. Mon inspiration est devenu plus intemporelle. Mon point de départ est celui de l’observateur « dansant joyeusement tout mouvement », avec « l’oeil au centre inerte ».